C. Dessimoz was cited in Québec Science, Avril-Mai 2017

Comment archiver toutes les informations numériques générées chaque année ? Des chercheurs proposent de se servir de l’ADN comme d’une clé USB… éternelle, ou presque.

Commençons par une devinette. Où peut-on réunir en un seul endroit un film des frères Lumière de 1895, un bon d’achat d’Amazon de 50 $, un virus informatique, une publication sur la théorie de l’information et tout un système d’exploitation d’ordinateur ? Grâce à des chercheurs de l’université Columbia, tout ce contenu est désormais stocké sur un support aussi minuscule qu’improbable : des brins d’ADN.

L’exploit n’est pas si étonnant, quand on sait que l’ADN est une molécule qui porte l’information génétique de tous les êtres vivants, depuis la pâquerette jusqu’au pigeon, en passant par les bactéries et les humains. En piratant ce code universel, les chercheurs peuvent, en théorie, y inscrire n’importe quelle donnée numérique.

Pour comprendre, il faut s’imaginer l’ADN comme une succession de lettres (qui sont en fait des molécules, les nucléotides). Il en existe quatre différentes : A (adénine), C (cytosine), G (guanine), T (thymine). Dans la nature, ces suites de lettres constituent des codes complexes, des sortes de « phrases » que l’on appelle des gènes. Ceux-ci sont décryptés par les cellules : elles s’en servent comme des recettes leur permettant de fabriquer des protéines.

Mais pour stocker des données, ces lettres servent plutôt à traduire un langage numérique. « Les données numériques sont binaires, codées avec des 0 et des 1. C’est assez trivial de traduire un système binaire en base 4 [NDLR, c’est-à-dire avec 4 éléments, comme A, C, G, T]. On peut par exemple dire que les A et les T correspondent à 0 et que les C et les G correspondent à 1 », détaille Christophe Dessimoz, professeur au University College de Londres, qui a travaillé à l’Institut européen de bio-informatique (EBI) au Royaume-Uni sur le premier cryptage du genre.

Une fois le code déterminé, il suffit de fabriquer les brins d’ADN correspondants, en assemblant les lettres une par une (cette technique de synthèse d’ADN est déjà bien maîtrisée, et largement utilisée en recherche). Les données sont récupérées en faisant machine arrière, c’est-à-dire en décomposant l’ADN pour lire l’ordre des lettres (ce qu’on appelle le séquençage). […]

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