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Comment un simple acide gras peut aider à brûler les lipides

Une équipe de l’UNIL et de l’UNIGE financée notamment par le programme fédéral SystemsX.ch identifie un gène impliqué dans un mécanisme d’adaptation nutritionnelle susceptible d’activer les voies d’oxydation des graisses.

A l’Université de Lausanne, l’équipe du professeur Bernard Thorens investiguait une maladie commune liée à l’obésité : la stéatose hépatique ou stockage anormalement élevé de graisse dans le foie (le tissu adipeux ne suffisant plus). La stéatose hépatique induit fréquemment une résistance à l’insuline, première étape vers le développement du diabète. Elle est étroitement liée à l’apparition de réactions inflammatoires pouvant accélérer le développement du diabète, provoquer une fibrose et ultérieurement une cirrhose. Une question émergeait : quels sont les gènes impliqués dans ces problèmes métaboliques?

Résultat de l’étude menée au Centre intégratif de génomique (Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL) : privée du gène L-pbe produisant une enzyme nécessaire pour éliminer les acides gras dicarboxyliques, une souris meurt en l’espace de trois semaines lorsqu’elle ingurgite un certain type de graisse, en l’occurrence l’huile de coprah issue de la noix de coco, un aliment omniprésent dans les pays tropicaux et un ingrédient important des aliments industriels. Les souris concernées sont victimes d’une réaction inflammatoire qui provoque une fibrose massive associée à la mort des cellules hépatiques. Au contraire, la présence de ce gène peut favoriser une légère perte de poids induite par l’acide dicarboxylique. « Notre découverte d’un mécanisme particulier suggère que des processus enzymatiques très spécifiques permettent à l’homme de s’adapter aux différents nutriments utiles à sa survie », explique le professeur Thorens.

Mais quelle est donc cette graisse potentiellement toxique lorsque ses effets ne sont pas modulés par le gène L-pbe ? Selon les travaux effectués à l’Université de Genève par l’équipe du professeur Howard Riezman, qui a mis au point une technique d’analyse des lipides, il s’agit de l’acide laurique dont on connaît la présence dans l’huile de coco. On notera par exemple que le lard n’en contient pas et que son absorption par les souris concernées n’a engendré aucun effet négatif sur le foie.

Cette équipe de chercheurs lémaniques a montré que l’acide laurique active une voie métabolique qui le transforme en acide dicarboxylique, celui-ci pouvant à son tour accélérer toutes les voies d’oxydation des graisses. Ce mécanisme explique un effet préalablement observé des acides dicarboxyliques sur la diminution du poids corporel. Problème : en suractivant le métabolisme des graisses on crée des dérivés toxiques qui sont très inflammatoires. L’enzyme L-pbe intervient pour dégrader l’acide dicarboxylique issu de l’acide laurique et équilibrer ainsi ses effets dans l’organisme.

Aliment très utile, l’huile vierge de coco active donc un mécanisme spécifique qui permet à l’organisme de la tolérer. Ce mécanisme pourrait être exploité pour ses effets bénéfiques sur la dégradation des graisses. D’autres processus enzymatiques liés à d’innombrables nutriments restent à découvrir.

  • «The peroxisomal enzyme L-PBE is required to prevent the dietary toxicity of medium chain fatty acids». Cet article est publié sur http://cellreports.cell.com