Depuis février 2010, grâce au programme suisse Artists-in-labs, la Canadienne Sandra Huber est l’invitée du Centre intégratif de génomique (CIG), où elle se passionne pour les secrets du sommeil, avec pour guides les professeurs Mehdi Tafti et Paul Franken.
«Alors que nous passons un quart de notre vie à dormir, nous ne connaissons pas encore toutes les fonctions du sommeil, s’étonne-t-elle. C’est l’un des derniers mystères de la science. Pour ma part, j’ai beaucoup appris sur le sujet au CIG. Aujourd’hui, je dois prendre un peu de distance par rapport à ce savoir relatif afin de laisser la place à la création.» Admiratrice de l’artiste conceptuelle Jenny Holzer, mais avec un accent porté avant tout sur l’écriture, Sandra Huber envisage de présenter au printemps prochain un long poème vidéo, où les phases du sommeil prendront sous sa plume différentes tournures stylistiques. Titre de son projet : Assembling the Morrow (ce dernier mot étant une version ancienne de «tomorrow», précise-t-elle).
A 31 ans, elle ne voit pas ce qu’elle pourrait faire d’autre dans la vie : écrire est sa passion, son modeste gagne-pain aussi. A Berlin où elle vit, elle est en train de terminer son premier roman. Sandra Huber explore également les possibilités de la «digital poetry» et dirige dearsir.org, une revue littéraire online où elle édite des poètes et artistes contemporains d’origines multiples, même si la langue anglaise domine largement ces productions originales. «Au Canada, les écoliers doivent apprendre le français mais mon père suisse-allemand ayant perdu la faculté d’écrire en allemand, je suis un peu anxieuse à l’idée de parler une autre langue que l’anglais, mon outil de travail. Bien sûr j’ai appris l’allemand, à Vienne puis à Berlin, mais je reste une anglophone entêtée !»
Son séjour lausannois s’achève et, si elle trouve la région «charmante», elle ne se sent pas inspirée pour autant par le lac et les montagnes. «N’oubliez pas que j’ai grandi au Canada ! Aujourd’hui, ce sont clairement les grandes villes qui m’inspirent sur le plan artistique», sourit-elle. Cette collaboration avec des scientifiques restera pour elle une expérience extraordinaire : «an amazing opportunity»… Elle se souviendra longtemps de sa nuit au Centre du sommeil de l’UNIL-CHUV. «L’infirmière m’a réveillée au terme d’un cycle de sommeil et je peux me voir en vidéo lui raconter mon rêve. A vrai dire, j’ai assez peu dormi cette nuit-là. La grosse surprise, pour moi, a été de découvrir que le sommeil est un processus qui mobilise le cerveau d’une façon très active…»
- Séminaire avec Sandra Huber, mercredi 24 novembre 2010, 16 heures, CIG, auditoire B